En soirée, avant le début d'un concert ou même parfois au moment du petit-déjeuner, il est une question qui revient perpétuellement, insidieuse, lancinante, alors que ma gorge se noue aussi brutalement qu'elle est prononcée, me rappelant les moments les plus sombres de mon histoire personnelle, lorsque ma prof de math m'interrogeait sur les fonctions exponentielles. Cette question c'est la suivante : "dis-moi, c'est quoi ton groupe préféré ?"
Il faut dire que mes revirements systématiques sont un sujet récurrent de moquerie parmi des potes qui, intraitables, s'acharnent à me mettre face à mes contradictions.
"-Mais je croyais que c'était le Black Rebel Motorcycle Club ton groupe préféré ? T'as changé d'avis ? Ce sont les Libertines maintenant ? Je te rappelle qu'ils ont quand même splitté il y a un moment.
- Oh du calme, t'es de la police ou quoi ?"
Cette stigmatisation aussi éprouvante soit-elle pour ma pauvre petite personne a au moins un mérite. Elle souligne la difficulté pour tout un chacun de faire le tri entre :
- son groupe préféré de tous les temps mais qui a un peu vieilli (ah Led Zep, ça envoyait du bois à l'époque)
- le groupe pour lequel on éprouve une tendresse particulière mais qui a splitté (les Libertines, leurs embrouilles perpétuelles ne me les rendaient que plus fascinants)
- le groupe qu'on dit adorer parce que ça fait underground et que ça satisfait notre ego un peu snobinard (Quoi tu connais pas Crystal Fighters ??? C'est une sorte de brassage low-fi-dubstep-punk à la sauce world)
- et pour finir, le groupe sur la musique duquel on a connu son premier flirt adolescent (Michel Berger, je m'en rappelle comme si c'était hier, elle s'appelait Jennifer...).
Difficile du coup, dans ce barnum de préférences, de faire émerger LE groupe.
Cette petite introduction existentielle n'a pour seul but que de vous parler des Kills. Car les Kills, eh bien pour moi c'est un petit peu tout ça. Un groupe qui figure en bonne place dans mon panthéon personnel. C'est un duo, composé d'un brun ténébreux, Jamie Hince (accessoirement le mec de Kate Moss) et d'une brune toute aussi ténébreuse mais encore plus magnétique, Alison Moshart, objet éternel de mes fantasmes adolescents. Niveau musique, on peut parler pêle-mêle, de combo rock garage, guitares lancinantes, chansons minimalistes, boîtes à rythme. Je vais arrêter là car on dit à juste titre qu'une bonne écoute vaut toujours mieux qu'un long discours donc faites vous votre avis là, là et encore là.
Les Kills sortent leur 4e album "Blood Pressures", le 4 avril prochain. Soit deux jours avant leur concert au Bataclan auquel évidemment je ne manquerai pas d'assister. Hier ils présentaient le premier single extrait de cet album, "Satellite".
S'il est toujours difficile de juger un album à l'aune d'une seule chanson, on peut toutefois dire que celle-ci laisse présager un album résolument différent de ce qu'ils ont fait par le passé. Magic RPM parle assez justement d'un "étrange blues reggae-rumba, avec son rythme traînant et son chant d'emphase".
Personnellement, moi qui aime le sont brut et garage des Kills, je dois avouer que je ne me suis pas forcément extasié devant ce son un peu trainant qu'est Satellite.
Mais bon, tout ça ne m'empêche quand même pas d'attendre avec une impatience non dissimulée la mise en orbite hihihi
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