jeudi 8 mars 2012

Boire ou aimer, il faut choisir


Ça va faire un peu plus d'un an que je rêve de cette fille. Une année ponctuée de malentendus et de sourires trop éphémères, de malaises évacués par quelques mois passés retranché dans un mutisme prolongé… Une année de rendez-vous manqués et de longues nuits passées à rafraichir mes mails et à sortir le portable de ma poche, un pincement au cœur, espérant qu’au détour d’une soirée alcoolisée, elle ait une petite pensée pour moi. Parce qu’on dit que l’alcool est le meilleur des révélateurs, je me plais à croire qu’au cours de l’une de ses cuites, elle aura enfin le courage de m’envoyer un message. De mon côté, j’ai supprimé son numéro, la tentation de la contacter, ivre, serait trop grande…


La posséder, ne serait-ce que le temps que dure un de ses sourires, est mon souhait le plus cher.  Une perspective qui m’a plus ou moins contraint à la traversée d’un long désert sentimental. Vie sociale réduite au minimum et rejet total de la moindre tentative de rapprochement génital. Je dois avouer que j'ai toujours été partisan du moindre effort, mais quand même, j'étais jusque-là capable de fournir ce petit supplément qui consiste à caler son pantalon sur les chevilles et étendre précipitamment la camelote comme ces blacks que l’on voit aux alentours du champ de mars, prêts à remballer leur stock de Tour Eiffel à l’approche des flics. Et pourtant, par les temps qui courent, il faut vraiment qu'une fille vienne poser sa chatte sur ma main pour que je commence le travail… Et encore.


J’ai beaucoup réfléchi à tout ça et j’en suis arrivé à la conclusion que je ne peux tomber amoureux que d'une fille avec qui je n'arrive pas à me projeter sexuellement. Lorsque je n'éprouve pas le désir de me branler en pensant à elle alors que les mecs se dévissent le cou pour l'apercevoir une seconde de plus au coin de la rue. C'est rare, mais ça arrive. De temps en temps… Avec elle... Il faut dire que ce n’est pas non plus un canon : traits un peu enfantins, peau imparfaite et cul un poil trop large. Une fille normale quoi. Mais une fille dont le visage mutin rehaussé de lunettes écaillées réussit à me faire oublier la délirante farce de la vie alors que je n’ai qu’une envie, la prendre dans mes bras et me blottir contre elle.

Ce soir, tous les obstacles entre nous sont enfin tombés. Elle m’envoie ce texto qui veut dire "fais de moi ce que tu veux"… Mais moi, je suis ivre comme une bille de flipper qui se cogne aux murs toutes les cinq secondes et je n’arrive même plus à taper les trois mots que je veux lui renvoyer.




Encore et toujours la même rengaine. Viens te crayonner le visage avec moi pour changer.