jeudi 2 décembre 2010

Black Rebel Motorcycle Club, 1er décembre à l'Elysée Montmartre



Tu es pensif mais la brise hivernale qui te glace le visage te sort brutalement de tes rêveries. Cette étreinte glacée réduit par ailleurs à néant tous tes efforts capillaires. Tant pis pour tes cheveux qu'une heure avant tu avais pourtant pris grand soin à disposer pour ce style, en apparence négligé mais savamment étudié, que tu affectionnes tant. "Un peu à la Higelin", te répètes sans cesse un pote alors que tu nies farouchement. Tu n'as rien à voir avec cet escroc qui se passe la main dans les cheveux toutes les 30 secondes en interview. Il les plaque et les replaque de manière aussi persistante qu'agaçante. Ca t'énerve à chaque fois que tu le vois mais ça ne t'empêche pas de faire pareil.

Tu entres dans l'Elysée Montmartre et est tout de suite plongé dans une atmosphère gorgée de bière et de transpiration. Tu t'habitues progressivement à ce mélange qui te piquait pourtant le nez au début. Tes potes t'attendent depuis déjà une demi-heure, comme d'habitude tu es en retard. Une fois les formalités d'usages remplies (excuses et autres Salut les copains), tu balayes la salle du regard. Tu te dis que le potentiel de femme de ta vie est plutôt élevé. Tu n'as pas assez de doigts pour compter le nombre de brunes élancées qui semblent tout droit sorties d'une pub The Kooples. Mais tu te dis aussi que ce n'est pas encore ce soir que tu vas conclure, d'autant qu'elles sont le plus souvent accompagnées de mecs qui semblent eux aussi sortis d'une pub The Kooples. Alors que toi tu es plutôt du genre H&M voire Chevignon dans tes grands jours.

Ce soir tu assistes au concert des Black Rebel Motorcycle Club, un groupe que tu affectionnes énormément. Derrière ce nom à coucher dehors se cache un hommage à "l'Equipée Sauvage"de Lazlo Benedek. Marlon Brando y campe un bad boy à la tête d'un gang de motards, le Black Rebel Motorcycle Club. Il avait la classe ce con de Brando...

La salle se retrouve soudainement plongée dans l'obscurité alors qu'un halo de lumière entoure Peter Hayes, le bassiste du groupe. Les yeux cachés derrière une tignasse noire et bouclée, il ferait un sosie plus qu'acceptable de Jack White. Il s'est quand même bien empâté le bougre. Encore un rocker qui abuse sûrement des bières et des kebabs !

Les premières notes de "666 Conducer" retentissent. Les guitares distordues sont aussitôt accompagnées par le beat de la batterie de Leah Shapiro. Ses longs cheveux dansent comme les flammes d'un feu charbonneux, au rythme du martèlement frénétique de ses fûts. Le groupe décline sa set list, imperturbable. Ce groupe que tu as tant aimé plus jeune (tu ne comptes plus les soirées que tu passais à écouter leur album acoustique "Howl" tout en sirotant des bières ou lisant un bouquin), te déçoit un peu. Peter, déjà pas très concerné au début, semble de plus en plus désintéressé. Leah, elle semble s'éteindre à mesure que les chansons passent. Tu as de plus en plus de mal à la distinguer derrière ses fûts. Seul Robert Turner s'escrime à garder un semblant de lien avec le public. Entre deux chansons, il annonce qu'il perd sa voix et qu'il faut donc que le public chante à sa place. Mais même ses blagues tombent à plat. En fait lui non plus ne semble pas trop y croire et se demande, tout comme toi, ce qu'il fout là. 1 heure trente plus tard c'est la fin d'un concert décevant. Les partitions de synthés et les voix des deux chanteurs se sont noyées sous le poids des guitares et le groupe s'est noyé tout court. Tout ça était un peu foutraque au final, mais pas dans le bon sens du terme.

Tu te sens un peu floué, l'offre était alléchante mais le produit n"était pas bon. Tu te sens un peu comme un mec qui reluque la poitrine d'une nana tout le long de la soirée et qui, au moment de la déshabiller, se rend compte qu'à défaut de pesanteur surnaturelle, ce n'est que la magie d'un push up qui permet à ses seins d'avoir ce galbe qui l'excitait tant.

Tu te dis que la prochaine fois tu feras mieux de vendre ta place à l'entrée du concert et de tout dépenser dans un bar. Au moins là bas auras-tu peut être plus de chances de rencontrer la femme de ta vie. Quoique...

Black Rebel Motorcycle Club - Howl

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