Je suis allongé et je sais où je
suis… Et c'est déjà un miracle. L'haleine chaude de la rue gonfle le rideau de
la chambre et vient caresser langoureusement le bas de ma nuque. Il est 14
heures et le soleil qui déchire la pièce de manière presque aveuglante nous
rappelle à la réalité alors que toute une vie s'affaire au dehors, depuis un
moment. Je lui propose un verre mais elle me dit qu'une vraie femme peut boire
au goulot alors je lui passe la bouteille de Jack et je vois sa gorge se nouer
lorsque le liquide traverse sa glotte. Elle ne peut s'empêcher d'esquisser une
légère grimace qu'elle réprime alors qu'elle gobe son cachet de Xanax. Elle me
dit de ne pas m'inquiéter. J'allume un clope que je lui tends, une fois mon
bras passée sous sa masse de cheveux bouclés à la couleur indéfinissable.
J'attire ce visage aux yeux de chats vers ma poitrine dans un ronronnement de
plaisir et je la regarde droit dans les yeux pour lui faire comprendre
qu'aujourd'hui ce n'est qu'elle et moi. L'avantage
avec elle c'est qu'on ne s'embête pas à entamer des préambules interminables ou
à ponctuer le sexe de paroles dénuées de tout sens, juste parce que les silences
sont trop lourds. Non, on se fait plutôt les partisans d'un amour aussi
minimaliste que la déco de cette chambre dont le seul meuble est la table basse
en cerisier, d'un designer japonais coté à ce qu'elle m'a dit un jour, et qui sert à la
fois de bar et de table de chevet. On trinque à ça, sans un mot et sans lever
le coude.
Se dégageant de mon étreinte, elle se lève et se dirige
vers l'enceinte située dans un coin. Elle pianote nerveusement sur son IPod et
arrête son choix sur un morceau qu'elle écoute en boucle depuis qu'elle a vu le
film de Nicolas Winding Refn, Drive. Elle commence à enchainer les poses lascives
en minaudant sur "A real Hero" de College. Je me fends d'un sourire
alors elle me pique mes lunettes et commence à me mimer, vêtue de ma seule
chemise, baignée dans la lumière blanche de ce début de journée qui n'en est
pas un. A une chemise à carreau près, on pourrait se croire dans un de ces shoots du journal de
Terry Richardson où Terry et son modèle échangent leurs fringues. Elle a les pieds sales et les cheveux ébouriffés comme une Manon des sources qui auraient un peu trop trainé ses fripes sur les trottoirs parisiens mais n'en est pas moins belle pour autant. C'est d'ailleurs ce qui l'a rend si terriblement excitante, le peu d'intérêt qu'elle porte à son apparence extérieure et puis, elle ne porte
pas de culotte et me laisse admirer son pubis rasé de près. Un sexe de jeune
fille qui me met l'espace de quelques instants mal à l'aise. Le temps de
planter mon regard sur ces lèvres fermes que seules des années de pratique ont
pu pétrir… Me voilà soulagé.
Elle glousse, se contorsionne et rabat
ses cheveux vers son épaule gauche, son sourire s'évapore dans une moue badine.
Elle danse autour de mon envie et mon sang ne fait qu'un tour, affluant
massivement vers le bas de mon corps. Elle le remarque et en profite pour
revenir à la charge, se faufilant à travers les draps, effleurant volontiers
mon entrejambe avec son bassin. Je l'attrape fermement par des hanches pour
lesquelles je perdrais mon âme si ce n'était déjà fait et je la plaque contre
moi, essayant de presser mes lèvres contre les siennes, en vain. Il semblerait
que son plaisir soit de résister au mien, comme pour me faire comprendre qu'ici,
c'est elle qui décide. Docile, je bats en retraite et me console en me rappelant
qu'on a fait l’amour toute la nuit. Une nuit irréelle tellement
nos corps transpiraient l’évidence, à l'unisson d'une discussion qui
n'avait pour langage que celui de nos gestes. Une nuit comme elle seule peut m'en offrir.
Je lui demande si cela ne la
fatigue pas de jouer en permanence un rôle. Elle me répond qu'on s'épuise plus
à aimer qu'à faire semblant d'aimer et puis, elle a passé l'âge de
s'enthousiasmer pour un baiser à la dérobée ou un garçon rencontré dans un bar…
Elle ne veut pas non plus s'attacher, elle préfère le charme de rencontres
éphémères à la monotonie des relations longues durées où on fait l'amour (passé
un certain stade on ne dit plus baiser) comme on remplit ses formulaires
administratifs, de manière régulière mais trop épisodique, une fois par semaine,
lorsque les enfants sont couchés ou que Masterchef vient de se terminer. Elle
se contente d'offrir sa beauté méprisante à qui sait la récompenser à sa juste
valeur. Elle n'est pas romantique, juste un physique prometteur qui traverse la
nuit d'un jeune homme, d'un père de famille ou même d'un grand père, le temps
d'une nuit, d'une étreinte, d'un souffle. Elle préfère disparaître au petit
matin avant de ne pouvoir susciter que de l'indifférence, elle n'a pas le temps
de s'encombrer de petits déjeuners partagés sur le lit et puis elle n'a pas
envie d'entendre les "Qu'est-ce qu'on mange ?", "Les gosses sont
couchés ?" ou autres "Dis-tu m'aimes ?". Elle ajoute qu'elle ne
veut plus m'entendre tout court.
Ne sachant pas trop quoi répondre
à tout ça, je me contente de fixer consciencieusement le plafond comme type qui
sait s'asseoir sur un lit, sans un mot, en me demandant tout ce que cela
cache. Et puis elle me dit qu'il est temps d'y
aller alors j'engloutis une dernière rasade de whisky, j'enfile mes fringues et
je laisse 500 euros sur sa table basse. A la semaine prochaine.
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Oui je sais, vous en avez marre de tous vos potes qui postent Kavinsky, College ou Desire sur leur wall Facebook, depuis une semaine. On s'en fout non en fait ?
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Oui je sais, vous en avez marre de tous vos potes qui postent Kavinsky, College ou Desire sur leur wall Facebook, depuis une semaine. On s'en fout non en fait ?
50balles?
RépondreSupprimerVa falloir développer car là je comprends pas !
RépondreSupprimer500 balles ca fait un peu trop "jeunesse dorée" "je suis riche" tout ca tout ca. 50 balles aurait été il me semble plus fluide..
RépondreSupprimersinon ras, bon boulot!
Ah ouais, je me suis posé la question figure toi. Après, ça va vite quoi, la passe à Panam avoisine les 50 balles (Brain avait fait un papier assez exhaustif sur le sujet d'ailleurs http://bit.ly/pkwr6T)donc je me suis dit 500 balles pour toute une nuit ça peut être "honnête". Et puis, j'avais envie d'être riche dans cette histoire haha
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