Je
discute avec cette nana et j'ai la vessie qui me titille depuis bien
15 minutes mais je me retiens parce que ce serait vraiment trop con
de laisser un truc aussi prosaïque que l'envie de pisser
s'interposer entre le possible grand amour et moi. Je luis sors
mon numéro classique, le mec qui a dû mal à se caser, parce que ça
marche toujours et donc je suis là à lui parler de ma dernière
relation mort-née, le pourquoi, le comment et puis à la fin de mon
premier verre de whisky, je conclus : "elle veut qu'on
s'installe ensemble alors que je suis même pas prêt à la laisser poser sa brosse à dent chez moi." Et je la vois qui roule ses
grands yeux vert, un peu flattée que je m'abandonne à de telles
confidences alors que ça fait à peine une demi-heure que l'on se
connaît. D'ailleurs je ne connais pas son prénom, ni elle le mien.
L'avantage de papillonner, c'est qu'on n'a pas à être inventif, on
se contente de raconter chaque soir la même histoire à une fille
différente là où une relation durable exige des trésors
d'ingénuité pour meubler les silences, à tel point qu'on en est
presque réduit à passer ses journées dans l'attente d'un évènement
susceptible d'être raconté au prochain rencart en mode "tiens
ouais ça c'est pas mal, ça va bien nous occuper 10 minutes."
Donc je lui
explique que le problème de cette fille est qu'elle s'escrime
à rester la même que le jour où je l'ai rencontrée alors que je
n'ai qu'une envie, que sa beauté se réinvente pour ne pas que je
succombe à la nouveauté d'un autre sourire, à la curiosité d'un
décolleté un peu plus plongeant ou à l'imprévisibilité d'un
caractère insatiable. Que sa beauté se réinvente ça fait pompeux
je sais mais que voulez-vous... Remarque les choses se passeraient
peut être différemment si j'étais certain d'être avec la bonne.
Mais ça n'est jamais arrivé. Mes histoires sont toujours comme ce
moment où tu es dans ton lit et que tu prends la fille dans tes
bras, une fois l'acte consommé. Au début, c'est l'extase, tu
redescends à peine de ton petit nuage d'amour, les gouttes d'eau qui
perlent de sa chevelure ourlée te paraissent être une caresse
agréable. Au début. Et puis tu commences vraiment à voir chaud, à
transpirer. Il faut dire qu'elle t'écrase quand même la poitrine et
puis, pas possible de se dégager trop tôt, ce serait un aveu
d'impuissance, t'as pas envie de passer pour ce mec chétif incapable
de la supporter. Donc tu prends ton mal en patience, tu serres les
dents en attendant qu'elle s'endorme, tout en devenant obsédé par
les os de son dos qui s'enfonce dans ta poitrine en mode "Est-ce
que je vais m'en sortir là ? Elle bloque ma circulation avec sa
cuisse, non? Je sens plus mon bras là sérieux !!! Allez, calme-toi
coco, respire un bon coup." Et puis la crise d’angoisse
devient à telle point insupportable que tu la repousses violemment
dans un accès de haine ignoble. Ni plus ni moins. Voilà, c’est
une bonne illustration de ma relation avec les femmes.
Comme je le
pressentais, cette anecdote a plutôt l'air de lui plaire parce
qu'elle rit quand je mime le type qui balance la fille par-dessus le
lit. Un gloussement un peu con mais heureusement son cul rattrape les
dégâts. Et puis la marinière détendue qu'elle porte et qu’elle
a fait glisser sous son épaule, juste pour laisser dépasser la
bretelle d’un soutien-gorge cheap, suffit à faire vibrer mon
entrejambe. Et quand je la vois faire ce geste, je me dis que ce
n'est sans doute pas la bonne mais l'alcool ingurgité me souffle à
l'oreille de ne pas m'en inquiéter. Alors je vide d'un trait la
vodka qu'elle m'a filé et l'amène vers ma chambre. Et pas question
de la prendre dans mes bras.
ITALIANS DO IT BETTER
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