mardi 14 février 2012

Je suis pas un type qui prend les vessies pour des lanternes



Je discute avec cette nana et j'ai la vessie qui me titille depuis bien 15 minutes mais je me retiens parce que ce serait vraiment trop con de laisser un truc aussi prosaïque que l'envie de pisser s'interposer entre le possible grand  amour et moi. Je luis sors mon numéro classique, le mec qui a dû mal à se caser, parce que ça marche toujours et donc je suis là à lui parler de ma dernière relation mort-née, le pourquoi, le comment et puis à la fin de mon premier verre de whisky, je conclus : "elle veut qu'on s'installe ensemble alors que je suis même pas prêt à la laisser poser sa brosse à dent chez moi." Et je la vois qui roule ses grands yeux vert, un peu flattée que je m'abandonne à de telles confidences alors que ça fait à peine une demi-heure que l'on se connaît. D'ailleurs je ne connais pas son prénom, ni elle le mien. L'avantage de papillonner, c'est qu'on n'a pas à être inventif, on se contente de raconter chaque soir la même histoire à une fille différente là où une relation durable exige des trésors d'ingénuité pour meubler les silences, à tel point qu'on en est presque réduit à passer ses journées dans l'attente d'un évènement susceptible d'être raconté au prochain rencart en mode "tiens ouais ça c'est pas mal, ça va bien nous occuper 10 minutes." 

Donc je lui explique que  le problème de cette fille est qu'elle s'escrime à rester la même que le jour où je l'ai rencontrée alors que je n'ai qu'une envie, que sa beauté se réinvente pour ne pas que je succombe à la nouveauté d'un autre sourire, à la curiosité d'un décolleté un peu plus plongeant ou à l'imprévisibilité d'un caractère insatiable. Que sa beauté se réinvente ça fait pompeux je sais mais que voulez-vous... Remarque les choses se passeraient peut être différemment si j'étais certain d'être avec la bonne. Mais ça n'est jamais arrivé. Mes histoires sont toujours comme ce moment où tu es dans ton lit et que tu prends la fille dans tes bras, une fois l'acte consommé. Au début, c'est l'extase, tu redescends à peine de ton petit nuage d'amour, les gouttes d'eau qui perlent de sa chevelure ourlée te paraissent être une caresse agréable. Au début. Et puis tu commences vraiment à voir chaud, à transpirer. Il faut dire qu'elle t'écrase quand même la poitrine et puis, pas possible de se dégager trop tôt, ce serait un aveu d'impuissance, t'as pas envie de passer pour ce mec chétif incapable de la supporter. Donc tu prends ton mal en patience, tu serres les dents en attendant qu'elle s'endorme, tout en devenant obsédé par les os de son dos qui s'enfonce dans ta poitrine en mode "Est-ce que je vais m'en sortir là ? Elle bloque ma circulation avec sa cuisse, non? Je sens plus mon bras là sérieux !!! Allez, calme-toi coco, respire un bon coup." Et puis la crise d’angoisse devient à telle point insupportable que tu la repousses violemment dans un accès de haine ignoble. Ni plus ni moins. Voilà, c’est une bonne illustration de ma relation avec les femmes.

Comme je le pressentais, cette anecdote a plutôt l'air de lui plaire parce qu'elle rit quand je mime le type qui balance la fille par-dessus le lit. Un gloussement un peu con mais heureusement son cul rattrape les dégâts. Et puis la marinière détendue qu'elle porte et qu’elle a fait glisser sous son épaule, juste pour laisser dépasser la bretelle d’un soutien-gorge cheap, suffit à faire vibrer mon entrejambe. Et quand je la vois faire ce geste, je me dis que ce n'est sans doute pas la bonne mais l'alcool ingurgité me souffle à l'oreille de ne pas m'en inquiéter. Alors je vide d'un trait la vodka qu'elle m'a filé et l'amène vers ma chambre. Et pas question de la prendre dans mes bras.



                                                           ITALIANS DO IT BETTER


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